Abidjan le 28 décembre 2024 – Quelle terrible épreuve pour un handicapé moteur ! Qui se brise une jambe, voit salaire et assurance suspendus et perd sa fille pour manque de moyens financiers pour répondre au besoins des soins médicaux.
« Je suis effectivement à mon poste. J’ai perdu connaissance devant Madame DEMBELE SALIMATA, Chef de Cabinet dans son bureau en présence de la DRH, Madame BOBO LARISSA, de l’inspecteur ADJOUMANI, de KOUASSI ALFRED, un handicapé moteur et de madame KONAN de la direction de la promotion des handicapés. Le 27 mars 2023, nous avons été kidnappés à notre domicile avant d’être conduit de force dans le bureau du Chef CAB. Cette chute et perte de connaissance a occasionné une fracture de la jambe infirme et les débris de mes lunettes dans mes paupières, sans aucune prise en charge du cabinet et donc non-assistance en personne en danger », explique Aké Séka les moments difficiles qu’il traverse dans son ministère et avec son employeur.
En effet, selon l’enquêteur qui rapporte les faits, moins l’histoire de cet homme qui se bat seul contre deux ministères ; celui de la Construction du Logement et de l’urbanisme (MCLU), son ministère de tutelle et celui de la Fonction publique, son employeur, mérite l’attention de tous tant les forces en présence et les moyens dont disposent les deux parties sont déséquilibrées.
Dans son rapport d’enquête publié dans le n°14 parue du 23 au 29 décembre 2024, le confrère, après avoir recueilli les différentes versions, en donne ici la teneur.
« Monsieur AKE Séka Dominique reproche à la DRH d’avoir effectué des opérations douteuses le concernant dans le Système Intégré de Gestion des Fonctionnaires et Agents de l’Etat (SIGFAE) alors que la mise à jour de certaines mentions sur son espace fonctionnaire a été faite plutôt à sa demande.
Monsieur AKE Séka Dominique a fait un harcèlement téléphonique, à travers le réseau social WhatsApp, en adressant à la DRH plusieurs messages contenant des propos menaçants, injurieux et diffamatoires.
Suite à ses agissements, la DRH a, sur instructions de sa hiérarchie, saisi le Commissariat de Police du 1er Arrondissement d’Abidjan-Plateau d’une plainte contre Monsieur AKE Séka Dominique qui, à ce jour, refuse de répondre à la convocation qui lui a été notifiée au motif qu’il ferait l’objet d’arrestation s’il se présente au Commissariat. Aussi a-t-il cessé, pour le même motif, de se présenter à son poste de travail, ainsi qu’il résulte des échanges avec lui à la DAJC.
C’est dans ce contexte que l’intéressé a été pointé absent lors de l’opération de contrôle électronique de présence au poste, effectuée sur la période allant du 3 janvier 2023 au 13 octobre 2023.
Aussi son salaire a-t-il été suspendu, à compter du 06 mai 2024, à l’instar de tous les fonctionnaires pointés absents à leur poste de travail, pendant la période de contrôle susmentionnée.
Au regard de ce qui précède, il apparait que la situation administrative et financière de Monsieur AKE Séka Dominique n’est entachée d’aucune illégalité et il n’est non plus victime d’aucun abus ou d’aucune discrimination, notamment en ce qui concerne la suspension de sa solde. Selon les dispositions de l’article 81 de la loi n°2023-892 du 23 novembre 2023 portant Statut Général de la Fonction Publique, le salaire est la contrepartie du service fait.
L’intéressé, n’ayant pas travaillé, notamment durant la période du contrôle, il ne peut donc prétendre à un salaire », rapporte ici le confrère les propos du ministère de la fonction publique interrogé sur la décision de priver monsieur Aké Seka de son seul revenu de subsistance.
« C’est sans pitié et la grande joie de la DRH que mon salaire a été suspendu. Puisqu’elle a dit à un de mes collègues : ‘’je l’ai frappé très fort ce handicapé, nuisible, il sera deux mètres sous terre avec sa famille’’, a expliqué cette suspension qu’il qualifie de complot ourdi par la direction de son ministère contre lui. Mais pour quelle raison ?
« Madame le ministre d’Etat est-ce que la transmission du dossier d’un cas social en conseil médical entraine systématiquement la suspension de son salaire ? », interroge-t-il très peiné devant une situation qui affecte douloureusement sa famille.
« Aujourd’hui, le constat est triste, suspension de notre carte MUGEFCI et CNAM depuis le mois de juillet pour non reversement. Nous avons perdu notre fille AKE Marie Esther pour faute de moyen financier pour la soigner », déplore Aké Séka qui souligne que le cabinet de son département ministériel sait très bien qu’il un cas social qui mérite sa protection selon l’article 33 de la Constitution ivoirienne. Mais contre toute attente, refuse de l’assister et de le prendre en charge. Son seul objectif est de chercher plus tôt à le faire emprisonner sur instruction du Chef de Cabinet, représentant du ministre qui devrait pourtant, selon lui, assurer sa sécurité comme le stipule l’article 33 de la constitution.
Là où quelques éclairages mérite encore d’être apportés, c’est de comprendre pourquoi la hiérarchie de la DRH recommande la voie du commissariat de police du 1er arrondissement pour sa plainte plutôt que d’explorer la voie de la PLCC qui a en charge tout ce qui est cybercriminalité ?
Les services de la DJCA, dans leur observations ont pris en compte les conditions de travail pénible au regard de son handicap dénoncées par le Sieur Séka dans la prise de cette décision ?
Quel est le vrai différend qui oppose la DRH pour qu’elle puisse se réjouir de la privation du salaire d’un collaborateur sans défense pratiquement parce que handicapé moteur en avance ces propos : ‘’je l’ai frappé très fort ce handicapé, nuisible, il sera deux mètres sous terre avec sa famille’’?
JEN