À l’Office d’Aide à la Commercialisation des Produits Vivriers (OCPV), la fronde du SYNA-OCPV vire au règlement de comptes. Derrière les slogans syndicaux et les accusations de “mauvaise gestion”, se cache une résistance acharnée à la rigueur imposée par le directeur général, Adou Bernard.
Enquête sur les dessous d’une agitation savamment orchestrée.
Un vent de fronde… et de confusion
Depuis quelques semaines, un climat de tension flotte dans les couloirs de l’OCPV. À coups de communiqués rageurs et de déclarations tapageuses, le Syndicat National des Agents de l’OCPV (SYNA-OCPV) accuse la direction générale de “mauvaise gouvernance” et de “marginalisation du personnel”.
Mais à y regarder de plus près, la révolte syndicale ressemble davantage à une mise en scène qu’à une véritable lutte pour les droits des travailleurs.
Car, derrière cette agitation, se profile un petit groupe d’irréductibles décidé à saboter les réformes de modernisation enclenchées depuis la nomination du nouveau directeur général, Adou Bernard, dont la méthode rigoureuse dérange les anciennes habitudes.
Fin du désordre et des passe-droits
À son arrivée, le DG Adou Bernard a entrepris de remettre de l’ordre dans une maison longtemps secouée par l’improvisation et la complaisance. Contrôle des dépenses, audit interne, transparence dans les affectations, fin des missions fantômes… autant de décisions qui ont bouleversé un système où certains s’étaient arrogé des privilèges indus.
Un agent confie, sous anonymat :
« Avant, les missions et les primes se distribuaient comme des bonbons. Depuis le nouveau DG, tout est cadré, justifié et traçable. Certains n’ont pas supporté cette rigueur », révèle-t-il.
Résultat : ceux qui profitaient du désordre crient désormais à la “dictature managériale”. Un renversement de rôles savoureux, mais révélateur du choc culturel que traverse l’OCPV.
Des accusations cousues de fil blanc
Le syndicat a brandi plusieurs griefs : affectations arbitraires, suspension des primes, nominations partisanes. Pourtant, les vérifications contredisent largement ces affirmations.
Les mutations décriées ne sont que de simples rotations prévues dans le plan de gestion annuel. Quant aux primes, elles avaient été suspendues depuis 2022, bien avant la prise de fonction du DG, sur instruction du Trésor public après un audit sévère.

Face à cette campagne de désinformation, Adou Bernard reste serein, mais ferme :
« L’OCPV est un service public, pas un terrain de manœuvres personnelles. La transparence et la performance doivent être notre boussole. Je n’ai rien contre les syndicats, mais je n’accepterai pas le chantage », tranche-t-il.
Un syndicat en perte de vitesse
Autrefois respecté pour son rôle de contre-pouvoir interne, le SYNA-OCPV a progressivement perdu sa crédibilité. De nombreux agents dénoncent une dérive politicienne et un syndicalisme de posture.
« Ils ne parlent plus des conditions de travail, mais de nominations et de promotions », ironise un employé du service administratif.
L’épisode de la grève avortée de septembre dernier a fini d’achever son image : un mot d’ordre lancé sans base légale, une mobilisation timide, et un retour précipité aux postes dès le lendemain.
De quoi faire sourire les observateurs, qui y voient un syndicat “fatigué” en quête de visibilité.
La rigueur d’Adou Bernard, un électrochoc salutaire
Nommé pour redresser une structure à bout de souffle, Adou Bernard incarne un style managérial rare dans la fonction publique : fermeté, éthique et résultats.
Sous sa houlette, l’OCPV a entrepris une série d’initiatives concrètes :
la digitalisation du système de suivi des prix des vivriers, la réhabilitation des antennes régionales,
la mise à jour du fichier du personnel, et le contrôle strict des dépenses et missions.
Résultat : des producteurs mieux accompagnés, des données plus fiables et une institution qui retrouve progressivement sa crédibilité auprès des acteurs du vivrier.
« L’OCPV doit redevenir utile aux producteurs, pas servir de guichet à des ambitions personnelles », répète le DG, déterminé à faire de l’institution un levier de développement économique.
Quand la peur du changement s’habille en revendication
Pour de nombreux observateurs, la contestation du SYNA-OCPV n’est qu’un symptôme classique de résistance au changement. Les réformes font peur, surtout quand elles mettent fin à des privilèges installés depuis des années.
Une cadre résume la situation avec lucidité :
« Le DG dérange parce qu’il veut professionnaliser la maison. Ceux qui ont longtemps profité du flou administratif tentent de saboter les réformes », confie Mme Konan Estelle France, présidente de la MUFA-OCPV, dans un courrier adressé au ministre du Commerce et de l’Industrie en guise de soutien aux différentes réformes engagées.
Mais la majorité silencieuse du personnel, elle, semble approuver la nouvelle orientation. Les voix qui réclament la stabilité, la discipline et la transparence se font de plus en plus entendre.
Entre démagogie et crédibilité, le choix est fait
La crise actuelle révèle surtout le fossé entre deux visions : celle d’un syndicat nostalgique d’un passé de laxisme et celle d’une direction tournée vers la performance et la responsabilité.
Dans ce duel, le SYNA-OCPV semble avoir perdu la bataille de l’opinion. Ses communiqués accusateurs ont fini par lasser une opinion publique plus sensible aux résultats qu’aux slogans.
À l’inverse, Adou Bernard apparaît comme le symbole d’une génération de dirigeants publics qui refusent de composer avec la médiocrité. Sa détermination à réformer, malgré les vents contraires, inspire le respect jusque dans les rangs de l’administration centrale.
L’heure de vérité
La tempête passera, mais l’épisode laissera des traces. Le syndicalisme à l’ivoirienne, quand il devient un instrument de manipulation plutôt qu’un outil de progrès, finit toujours par se discréditer.
À l’OCPV, l’histoire retiendra peut-être cette période comme celle où la réforme a triomphé de la démagogie.
Par Jules Eugène N’DA