Côte d’Ivoire : le DG de l’OIPR soulève un conflit foncier violent à Ahoué
Abidjan le 14 Mars 2023 – « Après une rencontre avec les supérieures hiérarchiques, il a été décidé de faire un black-out sur ce sujet. Voilà ce que je peux vous dire pour l’instant. Si éventuellement d’autres informations me sont données, je n’hésiterai pas à vous les partager. Bien à vous », me revient Gemain Ehimance, responsable de la Communication de l’OIPR, 24 heures (mardi 14 mars 2023) après avoir sollicité un rendez-vous avec la direction de l’Office Ivoirien des Parc et Réserves dont le DG, le Colonel Bakayoko est accusé de manœuvre pour récupérer des parcelles de terre des populations d’Ahoué à son propre compte.
Lundi 13 mars au petit matin, le village d’Ahoué, situé à une dizaine de KM d’Abobo Baoulé, est réveillé par une nouvelle. Celle qu’elle considère comme mauvaise. Des maisons démolies dans une opération dont elles disent n’en savoir pas les raisons, ont suscités des vives tensions. La protestation a perturbé la circulation pendant plusieurs heures l’axe Abidjan – Alépé.
Mais le refus du colonel Bakayoko, nommément cité dans ce conflit foncier, pour préciser l’étendu de la réserve, objet de la colère des populations d’Ahoué, risque d’embraser cette zone très convoitée par les acteurs immobiliers.
L’administration, le malaise !
Sans aucune mise en demeure, parce qu’aucune ne le justifie, le colonel Bakayoko aurait engagé dès 3 heures de lundi matin du 13 mars, une opération de démolition d’habitations ciblée. Des résidences en plein cœur de son opération appartenant à ses frères d’armes ont été épargnées.
Dès lors, l’on s’interroge sur cette opération dite d’intérêt national, parce qu’un décret prévoir la création d’une réserve naturelle dans la zone.
La confusion est donc total ! Tant le dysfonctionnement de l’administration publique est palpable. Dans la gestion de ce conflit foncier impliquant le ministère de la construction, le ministère des eaux et forêts et les populations d’Ahoué dans la sous-préfecture de Brofodoumé (département d’Anyama)
En engageant cette opération de destruction d’habitations sur le site de Kotchakan (Ahoué), le DG de l’OIPR prend là de gros risques.
En effet, cette réserve dont les limites sont jusque-là méconnues des propriétaires terriens d’Ahoué ne leur rend pas la tâche quand l’exercice de leur droit sur leur terre.
Le 10 février 2023, le ministre de la construction, Bruno Koné, en visite dans la localité pour se faire une idée de l’état d’avancement des travaux VRD sur plus de 350 ha acquis par l’Etat auprès de cette même population d’Ahoué, a promis une redéfinition des limites de cette réserve en tenant compte de la doléance formulée à ce sujet par la communauté villageoise au regard du lotissement qu’elle a déjà entrepris sur une partie de cette parcelle.
Et c’est avec étonnement que le village apprend que ce lundi 13 mars 2023 des biens de personnes sont tombés sous la force des machines déployées sous haute protection policière.
Comme une traînée de poudre, l’information a suscité une vive colère, une indignation au sein de la population d’Ahoué dont les intérêts sont menacés.
Les faits
AHOUE – Kotchakan, 342 ha requiert avis favorable du sous-préfet de Brofodoumé en juillet 2017 pour morcellement. 56 ha lotis sont approuvés. Le reste en voie d’approbation.
Le 8 juillet 2020 le chef de l’État prend un décret, le décret n°2020-561 du 08 juillet 2020, portant création de la réserve naturelle partielle d’Aghien.
Ce décret enlève, dès lors, tout droit aux populations sur cet espace. Mieux tous ceux qui ont des intérêts directs (construction, entreprise etc.) doivent dégager. Mais là où le bas-blesse, c’est que les populations disent n’avoir pas été associées à ce projet. Donc, elles n’ont aucune idée de l’étendue de cette réserve. Un détail devant leur permettant de connaitre désormais les limites de leurs actions sur la terre que leur ont légué leurs ancêtres.
« Cet espace que l’on dit être une réserve de protection de la lagune est situé à plus de 10 KM de cette lagune. Nous voulons alors connaitre ses limites. Parce qu’on connait ce genres d’agissements. On agit au nom de l’Etat. On fait croire que l’Etat a mis sa main sur un bien. Ce qui n’est souvent pas vrai. Après, on faire croire que l’espace est déclassé. Et comme les vrais propriétaires ‘ont plus de regard là-bas, les auteurs de ces manœuvres se déclarent propriétaire au détriment des vrais propriétaires et en jouissent », explique Gislain Abonou, porte-parole de la chefferie d’Ahoué.
« Nous ne comprenons pas cette façon d’agir de certaines autorités. Nous avons appris, sans même avoir été associé à un projet de création d’un parc national sur nos terres. Nous n’en connaissons même pas les limites alors que cela se passe sur nos terres. Depuis 2013, nous avons cédé l’espace, objet de ce litige à des opérateurs privés qui ont entrepris les démarches auprès des autorités administratives de notre sous-préfecture. Avis favorable leur a été donné pour lotissement. Ce qu’ils ont fait. 7 ans plus tard, le chef de l’Etat prend un décret n°2020-561 du 08 juillet 2020, portant création de la réserve naturelle partielle d’Aghien. Si ce décret prend en compte la parcelle dont nous parlons en ce moment, eh bien c’est que le chef de l’Etat a été induit en erreur pas ses collaborateurs. Puisque l’espace en question, loti, fait déjà partie des zones susceptibles d’être habitées comme l’atteste la note n° 031/SP-BROF/DOM du sous-préfet en date de juillet 2017 adressée au ministre de la construction », relève Raphael NIANZOU, SG du collectif des chefs, coordonnateur des protecteurs de la lagune d’Aghien, très remonté contre le ou les auteur (s) de cette opération.
« Dire que cet espace qui est à deux pas d’Abidjan est une réserve, une forêt classée sans nous avoir associé à sa délimitation, n’est qu’un simple habillage qu’on veut faire pour nous exproprier de nos terres et ensuite l’attribuer à d’autres personnes sans payer de purge coutumier. Ça là, ça ne passera pas ici sous nos yeux ! On ne sait pas si c’est l’Etat ou si ce sont des individus qui passent sous le couvert de l’Etat pour agir de la sorte. L’Etat lui-même a déjà obtenu 406 ha, après indemnisation de nos populations. L’Etat l’a offert aux opérateurs immobiliers qui ont commencé à sa mise en valeur. Pourquoi cette fois-ci, on veut passer par des méthodes peu orthodoxes pour s’emparer du seul bien qui nous reste pour notre survie. C’est injuste ! Ça non ! On ne peut l’accepter aujourd’hui, ni demain. Nous avons cédé une partie à des particuliers qui y ont bâti des maisons, on ne peut pas accepter que l’on les démolisse », a tranché Raphael NIANZOU.
Ce mercredi 15 Mars 2023, il est 13 H 20 nous venons d’apprendre des moments chaux entre populations rivéraines d’Ahoué et le village voisin de 4 Croix. Nous y reviendrons
JEN